La vitamine D est d’actualité , chaque jour ou presque , les chercheurs découvrent son implication dans une multitude de processus physiologiques
Du métabolisme des os aux cancers, en passant par le système immunitaire ,le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, elle est partout.
En France et dans la plupart des pays industrialisés, toutes les études concordent, 60 à 70 % de la population aurait un déficit en vitamine D, du moins en hiver
De nombreux chercheurs, relayés par le site La nutrition. Fr , demandent de relever les valeurs des apports conseillés en vitamine D , de 200 UI par jour actuellement, à 1000 UI , afin de combler les carences
Nous verrons ce qu’il faut penser de ces taux
Mais d’abord un petit rappel sur cette vitamine
La vitamine D est une substance liposoluble dérivée des stéroïdes
– La vitamine D2 se trouve dans les végétaux
– La vitamine D3, la seule réellement active et qui nous intéresse, est d’origine animale , et surtout le calcitriol, ou 1,25(OH)2D3
90 % de la D3 est produite par la peau lors de l’exposition au soleil, par photosynthèse, a partir d’un dérivé du cholestérol, le 7-déhydrocholestérol qui, sous l’influence des ultra-violets, se transforme en pré vitamine D3 , puis en vitamine D3 au niveau du foie et du rein
La vitamine D se comporte donc comme une véritable hormone
L’alimentation apporte peu de vitamine D, essentiellement par les poissons, coquillages, œufs, beurre. Mais pour avoir les doses journalières recommandées, il faudrait manger 20 œufs ou 5 plaques de beurre !!
Le meilleur moyen d’avoir un bon statut en vitamine D est de s’exposer au soleil. Rester en été 10 à 15 minutes en maillot de bain équivaut à la prise de 1500 à 2000 UI de vitamine D3
Dans le sang, on mesure la vitamine D sous la forme de 25(OH)D3
La dose optimum est de 40 ng/ml. Or, en hiver, peu de personnes ont un tel taux
Quel est son rôle ?
? Le rôle le plus connue de cette vitamine est son implication dans le métabolisme du calcium, minéral indispensable pour la contraction musculaire, la coagulation, l’os
La vitamine D permet de régler l’absorption et excrétion du calcium pour en optimiser le niveau Elle fonctionne de concert avec une autre hormone, la parathormone PTH secrétée par les parathyroïdes, qui est une hormone ostéolytique et par là augmente le taux de calcium dans le sang
Si le niveau de calcium est bas, la vitamine D3 augmente l’absorption du calcium par l’intestin , prolonge l’action ostéolytique de la PTH en déminéralisant l’os par libération de son calcium
Si le niveau de vitamine D est bas, l’organisme secrète de la PTH , qui déminéralise l’os, mais n’agissant pas sur l’absorption intestinale de calcium, ne permet pas d’absorber le calcium apporté par l’alimentation
Par contre, à fortes doses, la vitamine D3 augmente l’absorption du calcium, mais comme c’est une hormone ostéolytique, l’os également va perdre son calcium , et ce calcium en excès dans le sang va se déposer dans les reins, les vaisseaux sanguins, les articulations, les tendons etc..
D’où l’importance de la dose de vitamine D3 apportée par la complémentation, à fortes doses elle est anabolique, ne pas l’oublier
? l’autre grand rôle de la vitamine D , c’est son implication dans l’immunité
La vitamine D à en effet un rôle central dans l’activation du système immunitaire
Lorsqu’un antigène étranger, virus ou une bactérie, s’introduit dans l’organisme, il va être phagocyté par les macrophages, découpé en fractions antigéniques qui vont être présentées aux lymphocytes T, ce qui va mettre en marche toute la réponse complexe du système immunitaire de défense
Et c’est là que la vitamine D est indispensable :
Des récepteurs à la vitamine D3 ont été mis en évidence sur les lymphocytes T naïfs, c’est-à-dire inactifs. Et si le taux de vitamine D est insuffisant, ils ne vont pas s’activer au contact de l’antigène étranger
Autre rôle de la vitamine D , la fabrication des AMP, peptides antimicrobiens, ‘ antibiotiques naturels ‘ fabriqués par notre organisme aux niveaux des tissus dits de barrière, la peau, les poumons, la muqueuse digestive, et dont la synthèse est dépendante du taux de vitamine D3
Les AMP utilisent des mécanismes divers ; ils détruisent les membranes cellulaires, se lient à l’hémagglutinine des virus pour empêcher leur développement , envoient des signaux pour attirer les macrophages
La vitamine D3 exerce un effet de modulation de la réaction inflammatoire en régulant la productions de cytokines pro-inflammatoires par les cellules du système immunitaire (les cytokines sont des substances solubles de communication synthétisées par les cellules du système immunitaire , agissant à distance sur d’autres cellules pour en réguler l’activité et la fonction ). Les décès brutaux d’adultes jeunes dits ‘ sans facteur de risque ‘ lors des épidémies de grippe sont vraisemblablement dus à une production massive de cytokines pro-inflammatoires qui submergent les défenses du patient, plus qu’au virus lui-même
Car le rôle du système immunitaire est multiple, il est non seulement impliqué dans la défense de l’organisme, mais dans les réactions inflammatoires, les maladies auto-immunes, les cancers
? Vitamine D et cancers
De très nombreuses études ont mis en évidence une relation entre un taux bas de vitamine D et un fort taux de cancers, surtout sein, ovaires, prostate et colon
La vitamine D3 agit au niveau de la signalisation cellulaire, en régulant et empêchant la prolifération des cellules cancéreuses, en favorisant leur apoptose
La vitamine D agit aussi par sa fonction de régulation du système immunitaire , comme cela à été vu
Supplémentation , et à quelles doses ?
S’il apparait évident que, pour toutes les raisons évoqués , prévention de l’ostéoporose, des infections respiratoires, des maladies auto-immunes, des cancers, et des études récentes le démontrent, le diabète de type 2 , un statut suffisant en vitamine D parait indispensable, à quelles doses faut-il supplémenter ?
David Servan-Schreiber, associé avec de nombreux scientifiques américains et la Nurtition.fr, militent pour des doses journalières de 1000 à 2000 UI, au lieu des 200 conseillés actuellement
L’alimentation apportant peu de vitamine D, le problème de la supplémentation se pose surtout pendant la période hivernale, l’été une exposition modérée au soleil pouvant être suffisante
Multiplier les apports journaliers conseillés par 5 à 10 , cela peut avoir des conséquences. Car, encore une fois en médecine, ce n’est pas en augmentant fortement les doses d’un nutriment que l’on à automatiquement l’effet souhaité
Comme l’a montré le biologiste André Burckel avec les notions de Valeurs Optimales Santé , les VOS, qui sont les valeurs assurant une protection optimale pour la santé
( voir le site desirsdesante.com )
La réponse de l’organisme à une dose de micronutriment, quel qu’il soit ( vitamine, oligo-élément, acide gras ) n’est en effet pas linéaire :
soit la valeur s’écarte vers le bas, il y a déficit
soit elle s’écarte vers le haut, il y à un excès
et dans les deux cas une augmentation des risques
Autrement dit, ce n’est pas par ce que l’on donne des doses massives de vitamine D que l’on augmente les bénéfices attendus pour la santé
Nous avons vu les risques des fortes doses de vitamine D entrainant des calcifications au niveau de différents tissus
Encore une fois, toute supplémentation doit être ,si possible, guidée par la biologie
Le taux sanguin optimum semble plutôt être autour de 40 ng/ml pour beaucoup d’experts ( maximum 60 ng/ml ) , la complémentation en vitamine D3 devra être conduite pour ne pas dépasser ces taux, ce qui nécessite un suivi biologique régulier